« New York est la créature la plus fatalement fascinante de l'Amérique.
Elle est accroupie comme une sorcière à la grande porte du pays. »
Voilà résumé d'un trait, par James Weldon Johnson, ce qui fait l'histoire de cette ville hors du commun, qui continue d'agir comme un aimant, avec un pôle qui attire, et un pôle qui repousse, dans le contraste, la démesure, la création, et parfois la dépression.
Ces 8 jours passés avec Marie à New York, où vit avec Damien, ma fille photographe Marilia, nous ont permis de replonger dans cet univers culturel si riche, découvrant la Frick collection (Vermeer, Goya, Le Greco, ...), assistant à un concert de jazz chez nos amis artistes Alain Kirili et Ariane Lopez-Huici, parcourant en jogging chaque matin les bords de l'East River...
Cette semaine new-yorkaise fut surtout l'occasion de revivre le parcours de l'immigration qui a fait cette ville et ce pays.
Déambulant dans Lower East Side, visitant le musée d'Ellis Island, nous reconstituons ce qui est à l'origine d'une des plus fabuleuses histoires de notre civilisation humaine.
« On disait qu'à New York, toutes les rues étaient pavées d'or.
À l'arrivée, je m'aperçus que les rues n'étaient pas pavées d'or.
Elles n'étaient même pas pavées du tout.
Et l'on m'attendait pour les paver. »
Ainsi s'exprimait un de ces immigrants italiens, débarquant dans le plus grand port d'immigration du monde.
Depuis 1600, c'est 60 millions d'immigrants sur le sol américain... la population de la France !
Pour le meilleur quelques fois, pour le pire aussi...
Ainsi les 5 kms carrés de Lower East Side devinrent le lieu où résidèrent ceux, qui de leurs mains, construisirent métro, canalisations, ponts, et gratte-ciels de la ville...
Surpeuplé, bruyant, sordide par bien des côtés, aucun autre secteur de la ville, n'a été plus typique de New York : 2 millions d'Irlandais, des milliers d'Allemands, puis des centaines de milliers d'Italiens, de Russes, de Roumains, de Hongrois, de Slovaques, de Grecs, de Polonais, de Turcs.
Peu à peu s'installe la plus grande communauté juive au monde.
Aujourd'hui, les rues sont devenues un peu moins grouillantes, un peu plus marquées par les nouveaux immigrants venus d'Asie ou d'Amérique latine. Les intellectuels, les artistes, y ont trouvé refuge, maintenant vivace la tradition multi-culturelle de New York.
Nous revivons en pensées, l'histoire d'une famille, celle de Marie, qui connut dès la fin du 19ème siècle cette migration vers l'ouest, fuyant souvent la misère, parfois les pogroms, s'installant sur cette terre qui devait se rêver comme un eldorado des temps modernes.
Depuis peu, les jeunes Français franchissent plus nombreux l'Atlantique, désespérant peut-être un peu de l'Europe, portés par le goût d'entreprendre, de créer, de vivre ensemble au carrefour des peuples et des cultures.
J'en suis heureux pour Marilia et Damien qui me font dire que la France n'est jamais aussi grande que quand elle est ouverte sur les autres.
Crédits photos : Marilia Destot et Musée d'Ellis Island