Il y a quatre semaines, nous quittions Paris pour Katmandou. Depuis, que de découvertes, que d'émotions fixées à jamais dans ma mémoire. Le Népal, le Tibet, l'Himalaya et surtout l'approche nouvelle d'un monde que je ne connaissais pas. Avec toujours en toile de fond, le Cho Oyu, la déesse de la turquoise, qui agit comme un aimant avec le pôle qui attire même s'il est pour moi à l'origine de beaucoup de sacrifices depuis un an mais aussi avec le pôle qui repousse quand on prend l'exacte mesure des difficultés que représente son ascension.
Il continue de neiger. Nous comptons les jours, les heures, en espérant que les routeurs météo du monde entier ne se trompent pas en pronostiquant le retour du beau temps dans deux jours. Certes, il faudra purger les pentes exposées ; certes, il faudra encore équiper certains passages au-dessus du camp 2 et mettre un terme à cette course de lenteur entre grosses expéditions chinoises et américaines qui explique largement le retard pris cette année comparativement à l'an passé. Mais l'essentiel est que puisse enfin s'engager notre progression vers le sommet.
En attendant, replié sous la tente, je lis, j'écris, je réflechis à l'après. Cet après qui me permettra de retrouver Grenoble avec joie, de retrouver un quotidien souvent harassant mais toujours passionnant, de voir l'inauguration du pôle jeunesse sport culture du secteur 3, de poursuivre les discussions avec l'Etat sur le renouvellement urbain et social de la Villeneuve et du Village Olympique mais aussi et surtout de reprendre le rythme hebdomadaire de mes échanges avec les Grenoblois.
Cet après qui me permettra également de participer, pour la première fois, à New York, à l'Assemblée générale annuelle de l'ONU. Membre de la délégation française désigné par l'Assemblée nationale, je me réjouis de participer aux travaux de cette instance souvent décriée mais pourtant si indispensable.
Il me revient également en mémoire mon séjour à New York à Pâques dernier. Avec Marie, nous avions alors passé une semaine très agréable avec notre fille Marilia et son mari Damien. Une semaine que j'avais perturbée avec mes joggings quotidiens dans Central Park et avec la rédaction de chapitres de mon livre consacré aux questions énergétiques et climatiques monopolisant d'ailleurs l'ordinateur de ma fille. Cette semaine fut aussi l'occasion de découvrir de magnifiques expositions notamment au Guggenheim, de visiter de nouveaux quartiers au sud de Manhattan, de balades en vélo avec notre ami sculpteur Alain Kirili le long de Hudson River, de passer quelques soirées musicales branchées et de rencontrer nos cousins newyorkais. Je garde un souvenir particulier de la visite de l'atelier de confection de mode de ma toute jeune et talentueuse cousine Sophie, styliste comme Marie. J'avais également été très intéressé par le parcours de son frère Amos, assistant du groupe démocrate à la Mairie de New York et proche d'Hillary Clinton. Si l'AG de l'ONU m'en laisse le temps, peut-être pourrais-je les revoir tout comme mes autres cousins Phil, astrophysicien et Sheila, sculptrice.
Marilia n'a pas le palmarès montagnard de ses frères. Je garde néanmoins précieusement dans ma mémoire cette semaine dans les Dolomites où nous étions partis, tous les deux, découvrir ces magnifiques parois. A cette occasion, j'avais pu observer chez elle de véritables dispositions pour la grimpe qu'elle n'a pas cherché à développer. Elle a cependant d'autres talents. Photographe comme Ariane Lopez-Huici, la femme d'Alain Kirili, elle devrait trouver à New York un cadre bien adapté pour développer ses qualités et exprimer sa grande sensibilité.
Quittant ces pensées newyorkaises pour retrouver la réalité tibétaine, je me prépare pour mon trekking quotidien. C'était hier avec Franck et Bernard, ce sera aujourd'hui avec Valérie et Bernard. Je sais que le vent et la neige nous cingleront le visage mais cela vaut toujours mieux que l'inactivité physique totale.
l'attente doit être longue, patience et courage
n oubliez pas Grenoble entre Himalaya et New York :-)
Rédigé par : michel | 24 septembre 2006 à 00:01
Il fait beau dans ton coeur, et ton esprit est illuminé de pensées généreuses et attentionnées pour ceux que tu aimes et ceux que tu sers.
Si c'est l'embellie que tu attends, elle est déjà dans les témoignages que tu nous offres,
et du toit du monde dont tu t'es approché plus que nous tous, tu fais rayonner dans nos coeurs et nos âmes cette lumière.
Nous en avons bien besoin dans ces temps de tumulte et d'artifices où des opportunistes nous mentent en nous faisant redouter une barbarie au lieu de nous aider à pérenniser les acquis de nos institutions et avoir confiance dans les atouts de notre civilisation.
Tu es allé traverser des terres où vivent ces enfants qui n'ont rien à espérer d'une croissance aveugle à tout va et d'une mondialisation injuste, mais tout à attendre de la décroissance soutenable et d'un transfert de technologies rapide, de la part d'états riches qui ne les endettent plus, mais leur permettent d'entrer dans un monde moderne et futuriste, ou par exemple la production d'énergie propre et renouvelable pourrait être localisée dans les zones ensoleillées et ventées de la planète, pour être acheminée vers les grandes zones d'habitat, lorsque l'ère de la fibre optique sonnerait enfin le glas de celle des pipe-lines.
Je me réjouis que ce soit toi qui ailles à l'ONU.
Combien de temps tu pourras y intervenir, comment tu seras écouté, c'est une autre histoire.
Mais que des serviteurs de la démocratie active et authentique, comme tu t'efforces d'en être depuis quarante ans, y soient représentés, c'est déjà une perspective encourageante.
Bien sûr j'espère que tu rentreras totalement victorieux de ton séjour sur les cimes, mais ta victoire, c'est déjà celle du courage devant le mensonge et les intérêts de ceux qui veulent faire croire que nos enfants ne sont pas intelligents:
Notre devenir, parmi tous les avenirs possibles, passe par l'intelligence du coeur, et nos sociétés disposent des moyens pour assurer à TOUS un véritable progrès, économique et citoyen, à l'échelle planétaire, parce que c'est la seule solution durable et que ce sont les enjeux de notre siècle.
Il nous faut prendre conscience que ce n'est pas le profit et la domination des seuls intérêts de quelques financiers qui nous permettront d'avancer vers ces temps de justice et de paix pour nos enfants et nos petits-enfants, et que nous avons les moyens de faire vivre cette planète en y respectant la vie et en assurant à tous une dignité et une prospérité suffisante, nécessairement modestes.
Je te connais depuis mon enfance: tu n'as jamais affectionné le moindre luxe.
Aujourd'hui, tu payes de tes seules ressources et de tes efforts physiques ce voyage à l'autre bout du monde, comme en ambassade de nos espérances pour la paix et le progrès, différentes des modèles que la pensée unique et les intérêts de quelques capitaux tout puissants imposent au regard de ces peuples qui attendent tout de nous, et conditionnent notre propre devenir selon les choix d'entraide que nous ferons en pensant à nos petits-enfants plutôt qu'à notre bien-être actuel.
Ton voyage ne fait que commencer.
Et tu es un éclaireur.
La lumière que tu attends pour l'ascension finale -et nous ne doutons pas que tu en aies la capacité physique- est déjà dans ce que nous retiendrons de ton exemple.
C'est sûrement ce qui fait des alpinistes et des himalayistes, ces "conquérants de l'inutile" pour ceux qui n'ont pas encore aperçu la grâce et la force de leur message, des femmes et des hommes toujours victorieux: la joie d'atteindre le sommet semble éphémère dans le temps, mais elle est conquise à jamais, et surtout, l'effort déployé pour se surpasser et entreprendre la conquête est la véritable victoire, celle qui forme les caractères et montre la voie aux autres.
Que l'on monte à 30m ou 3000 à l'âge des apprentissages, ou à 7000 ou 8000 lorsqu'on est devenu expert, on apprend à soi-même et à son entourage, à vouloir progresser, à ne jamais renoncer.
Et c'est là une différence essentielle avec les stratégies boursières: leurs conquêtes ne sont que temporaires, leur finalité n'est que profiter avec le moins de risques à prendre avant de revendre, ruiner un adversaire, exploiter les ressources pour le bénéfice de quelques uns au lieu de les partager entre tous raisonnablement en les pérennisant.
Je me rappelle que tu t'es déplacé toi-même chez HP, l'an dernier, pour aller défendre des emplois pour tes administrés.
Aujourd’hui, tu nous montres que la réussite évènementielle, sensationnelle est suspendue à quelques paramètres que la Nature impose en souveraine, mais que l’intelligence de l’homme, qui ose approcher sa tête couronnée et faire face à son diadème immaculé, avec ses seules jambes pour y parvenir et les seules ressources de ses poumons là où l’oxygène est rare, est d’en avoir partagé l’effort avec quelques amis et compagnons, mais aussi avec tous ceux qui te lisent ici, et qui veulent se reconnaître dans la modestie du cœur, certes, mais surtout dans l’ambition des actes.
Je ne suis pas grenoblois, ou alors seulement de cœur.
Je suis plus doué pour la palabre que pour l’action.
Mais si j’étais de tes administrés, j’aurais, grâce à ton exemple, du cœur à l’ouvrage.
Il y a près de chez vous des désespérés, qui n’ont pas accès à internet pour connaître ton courage, pas de travail pour espérer être en sécurité sociale, qui sont sollicités par des démagogues qui jouent de leur désarroi pour mentir en disant qu’ils leur proposent un avenir alors qu’ils démontent depuis 4 ans et demi un à un les outils de la solidarité citoyenne républicaine, que nos parents, qu’ils aient été communistes ou gaullistes au lendemain de la Libération, ont créé à l’initiative du Conseil National de la Résistance.
Retraites, Sécu, Services publics, tout est vendu, et avec GDF aujourd’hui convoité par des fonds de pension nord-américains derrière Suez, le massacre continue.
Le ton de la lassitude, du découragement, de la colère monte : autant de paramètres qui détournent l’attention citoyenne de l’ambition collective et laissent croire aux mensonges des sirènes populistes.
Et bien c’est en toi que je tourne ma confiance.
Je pense qu’un élu qui donne une telle leçon de courage et de détermination, qui va à la découverte des populations lorsqu’il se déplace en Europe, en Asie, en Amérique latine, ou ailleurs, pour ses déplacements personnels, en sachant comprendre ce que seront les paramètres économiques du monde de demain et en s’attelant, en tant que parlementaire, à en prévoir les échéances pour tous en termes d’énergie et de respect de l’environnement, de progrès des choix industriels ( et n’oublions pas l’alimentaire, car la démocratie planétaire et locale sera alimentaire, ou ne sera pas ), de pérennité des moyens d’éducation et de formation, est digne de confiance.
Je ne viens pas sur ton blog pour y faire de gentilles félicitations et du tralala.
Je sais que beaucoup de nos concitoyens flippent, et sont prêts à ne pas voter ou à se laisser tromper.
Il faut que les tiens sachent que tu es sincère et scrupuleux de les servir réellement.
Et je trouve que ce que tu nous montres est une véritable leçon de dignité humaine, de modestie, de courage dans l’épreuve et la souffrance ( parce que ce que tu fais, ça fait mal, et ça dure, et ça fait de plus en plus mal en montant, et il faut vraiment de la force mentale pour aller au bout ), de générosité et de disponibilité, parce que ce ne doit pas être facile de t’y consacrer chaque jour avec tant de fidélité et de confidence à cœur ouvert.
Une internaute te demandait des nouvelles d’un ami en s’interrogeant sur les possibilités égalitaires pour tous d’utiliser l’internet dans ton expé. J’espère qu’il va bien et qu’il a pu la rassurer.
On t’envoie des pensées ensoleillées, en espérant que tu connaisses la joie d’accéder au sommet.
Ce que tu fais depuis un mois, avec ce blog, est déjà une superbe réussite.
Courage et merci encore, Michel.
Philippe Fafiotte
Rédigé par : P.Fafiotte | 24 septembre 2006 à 11:05