A l'occasion de l'inauguration de MINATEC, un petit groupe de personnes qui se disent opposées aux "nécrotechnologies" a multiplié les actions radicales en agissant sous couvert de l'anonymat.
Les écrits de ces personnes devraient suffire à les discréditer définitivement : jouant autant de questions philosophiques pertinentes que des peurs les plus irrationnelles, leurs textes sont en réalité pauvres intellectuellement, certes habiles mais malhonnêtes, et d'une mauvaise foi inquiétante. Faire croire que l'on imposerait un "nanomonde" totalitaire à la population sans débat préalable relève non seulement de la manipulation mensongère mais aussi d'une forme de paranoïa politique bien connue, qui s'appuie sur la théorie du complot, la haine des élites, des élus, des responsables. L'histoire nous a montré comment finissent ces postures idéologiques radicales : dans le totalitarisme et le drame. Désigner à la vindicte populaire des groupes (en l'espèce : les chercheurs, les entrepreneurs, les élus) en les calomniant, si possible de façon anonyme pour qu'ils ne puissent pas se défendre, c'est la méthode habituelle de l'extrémisme et de tous ceux qui combattent la Démocratie et la République.
Cette analyse est corroborée par les formes d'action de ce petit groupe de personnes : tracts anonymes, diffusion de fausses publications institutionnelles, perturbations violentes d'événements en refusant la prise de parole qui leur est proposée, vomissements en séance du conseil municipal, crachats lors des réceptions, insultes permanentes… il s'agit bien d'actions inacceptables dans une démocratie moderne où le débat public existe mais suppose le respect de l'opinion contraire. Cette absence de respect est aussi traduite dans le mépris qu'ils affichent avec constance pour les habitants de Grenoble, en particulier ceux qui connaissent des difficultés sociales que la "décroissance" qu'ils préconisent aggraverait. Sur la forme comme sur le fond, il est donc clair que ces personnes ont décidé de s'affranchir de toutes les règles démocratiques et républicaines.
Je regrette donc vivement que d'aucuns se laissent impressionner ou manipuler par des personnes dont les écrits et les méthodes révèlent sans ambiguïté le caractère totalitaire. Une ville comme Grenoble ne peut se complaire dans une attitude de neutralité bienveillante à l'égard de "jeunes contestataires", quand ceux-ci se décrivent eux-même "en guerre".
Car enfin ! de quoi parlons-nous ? D'une révolution technologique majeure porteuse de nombreuses promesses pour notre santé, notre qualité de vie, l'avenir environnemental de la planète etc… Bien sûr, comme toutes les révolutions technologiques, celle-ci justifie des inquiétudes : comme chacun le sait, c'est l'usage qui détermine l'utilité sociale d'un progrès technique. C'est le rôle de la collectivité (pas uniquement institutionnelle) de veiller à ce que l'appropriation sociale et citoyenne du progrès accompagne l'avancée scientifique, et il est vrai que c'est de plus en plus difficile compte tenu de son accélération permanente. Nous devons donc être vigilants, en particulier sur les questions d'éducation et de formation scientifique.
Mais quels que soient les griefs qui peuvent être faits ou les interrogations justifiées sur les difficultés à faire partager cette révolution technologique, je suis pour ma part convaincu que c'est une chance que Grenoble en soit un des moteurs.
Les nanotechnologies sont une réalité existante. Aux Etats-Unis, en Asie, en Europe, des chercheurs préparent des solutions technologiques pour notre avenir, y compris dans ses applications militaires. Pour ma part, je ne suis pas Munichois et je plaide pour des démocraties vivantes, donc fortes. Dans le monde violent et inquiet qui est le nôtre, je préfère que les recherches sur les nanotechnologies se fassent dans notre creuset cosmopolite et résistant grenoblois, dans cette ville dont la tradition citoyenne de débat public est une garantie démocratique.
N'ayons ni peur ni honte de porter le succès scientifique, fidèles à l'histoire de notre ville, et faisons en sorte que les nihilistes ne parviennent pas à entamer une valeur essentielle de la gauche et plus largement, de l'humanité : la confiance dans le progrès, un progrès technologique, social et sociétal qu'il nous faut accompagner collectivement.
pour info, une discussion sur Greblog : http://www.greblog.net/index.php/2006/05/30/175-minatec-et-ses-detracteurs
un blog de qualité qui vient d'obtenir la première place au premier prix du blog citoyen : http://www.greblog.net/index.php/2006/06/01/176-flash-special-flash-special-flash-special
cool, non ?
Rédigé par : Weetabix | 02 juin 2006 à 11:55
Je comprend tout a fait que l'on puisse etre contre un projet , une idées. Mais en ce qui concerne MINATEC , qui pour moi est une chance pour Grenoble d'etre a la pointe de cette technologie, les moyens utilisés par les opposants sont inadmissibles. ils jouent sur la peur et le mensonge.Ils ont le droit de s'exprimer comme tout citoyen mais dans un dialogue honnete et constructif afin d'exposer leurs idées et non par une "prise d'otage" intellectuel de la population grenobloise.
Rédigé par : mr P. M. | 02 juin 2006 à 13:23
On ne peut que regretter en effet que pour certains tout élément de progrès soit vécu obligatoirement comme un risque. Bien sur il faut s'interroger, débattre mais l'humanité n'existe que par le progrès, la connaissance. Il y a dans ces peurs irrationnelles le mythe d'une civilisation idéale qui n'a jamais existé que dans le mysticisme. Le travail de la gauche n'est pas d'opposer l'homme et le progrès technoligique mais de faire que celui ci se fasse au profit d'une vie meilleure. Malheureusement ces mouvements, jouant sur les peurs, arrivent à convaincre de nombreux citoyens en les entrainant, comme tu le dis, dans un refus de ce qui fait la démocratie : le débat public au lieu de la rumeur et de l'invective
Rédigé par : THOVISTE | 02 juin 2006 à 22:59
Egalement, Andy Verol, membre éminent de ce collectif, tient une chronique hebdomadaire sur le Pouvoir sur le site de l'éditeur très actif et libre, LE-Mort-Qui-Trompe: http://www.le-mort-qui-trompe.fr/article111
Vous pouvez rejoindre le collectif en envoyant vos textes par e-mail [email protected]
Libres et énervés, nous n'en sommes qu'à nos balbutiements narratifs et poétiques!
Rédigé par : Andy Verol | 04 juin 2006 à 11:15
Bravo Monsieur Destot pour ce rappel à l'ordre brillant qui fait bien chaud au coeur face à des manifestations échappant au sens commun, et à la rationalité. Toutes vos actions sont courageuses et exemplaires pour notre ville (idem pour le stade d'agglo), et si elles suscitent des réactions aussi folles : cela doit surtout vous encourager pour continuer à lutter contre l'irrationalité des extrêmistes.
Vous incarnez la tradition mendésiste, qui a marquée notre ville, et à laquelle vous faites honneur par votre action : le réformisme pour le progrès collectif. Je pense que la violence employée par ces gens n'a fait que les discréditer auprès de la population locale, et renforcer l'audace, la réussite de votre gestion municipale. Votre image n'en sort que plus belle.
CONTINUEZ !
Florimond
Etudiant IEP
Rédigé par : florimond | 10 juin 2006 à 11:48
Et comment s'articule ce débat citoyen ?
Rédigé par : Pinch | 13 juin 2006 à 10:31