Le monde de la montagne, qui a été si durement éprouvé ces dernières années, est à nouveau sous le choc. Là-bas, sur les pentes du Makalu, la montagne a mis fin aux rêves de Jean-Christophe Lafaille, aux rêves d'une vie d'alpiniste : gravir les 14 sommets de plus de 8000m de la planète, dans les conditions les plus difficiles, souvent en solitaire.
La disparition de ce passionné, qui était devenu, pour moi un ami me remplit d'une immense tristesse.
Comme beaucoup à Grenoble, où Jean-Christophe avait travaillé comme conseiller montagne auprès de la Ville, j'avais apprécié sa générosité, sa simplicité en même temps que son immense talent. Déterminé, endurci par son expérience dramatique à l'Annapurna, Jean Christophe LAFAILLE était certainement un des meilleurs himalayistes de sa génération.
La montagne nous laisse à nouveau ce message terrible : l'expérience, le talent et la chance ne mettent personne à l'abri même les meilleurs.
Au nom de tous les Grenoblois, j'ai tenu à rendre hommage publiquement à cette figure exceptionnelle de l'alpinisme, à cet homme hors du commun, passionné et épris de liberté qu'était Jean-Christophe Lafaille.
Il ne s'agit pas ici de venir occuper une place.
Le silence et la discrétion sont souvent des qualités premières au service de l'écoute ou de la découverte.
Mais l'absence de commentaire à cet article de ton blog, Michel, lui conférait une dimension un peu trop laconique à mes yeux, et parce que je connais la réelle sincérité qui t'anime et ton soin rigoureux d'être authentique dans tes communications, je souhaite commenter celle-ci en te témoignant, ainsi qu'à l'adresse des proches de ton ami, mon soutien et ma sympathie.
Je ne suis qu'un montagnard d'occasion, mais le silence dans la lumière du soleil qui se lève, peu avant d'atteindre un sommet, que j'ai retrouvés après un bivouac dans le Sahel, sont les éléments d'un instant magique de majesté et de sérénité que ceux qui les connaissent gardent dans le coeur comme le témoignage de la beauté et de la richesse de la vie, en toute modestie, surtout.
Lorsque cela s'arrête, à la conquête d'un accomplissement de cette communion, de surcroît, on peut trouver trop cruelle la peine qui reste, à ceux qui portent le deuil.
Il y a trop de ces raisons d'enrager, dans notre monde incohérent où l'homme détruit forêts, dignité, amour, avenir de nos descendants lorsque l'argent pour l'argent gouverne, au service de quelques uns, pour la perte de tous, si nous laissons faire, ... pour que l'on ne soit pas tenté par le découragement lorsque ce sont les meilleurs qui trébuchent, à côté ou devant nous.
Restons forts, auprès de ceux qui en sont frappés, pour les aider à en porter le fardeau, et n'oublions pas : ce que nos actes construisent, c'est à la mémoire de ceux qui nous ont précédés dans l'action.
Les femmes et les hommes de la montagne, comme ceux de la mer, connaissent les premiers l'humilité et le courage.
Puissions nous apprendre à nos enfants à leur ressembler.
Bien cordialement.
Philippe Fafiotte.
Rédigé par : Philippe | 13 avril 2006 à 20:42